L'actualité de la crise : DÉSIRS DE RUPTURE, par François Leclerc

Billet invité

Que l’on se souvienne des pays de l’Est, suite à l’effondrement de l’URSS et de son glacis, ou bien de ceux dont l’entrée dans l’Union européenne et la zone euro a été vécue comme l’occasion du rattrapage d’un niveau de vie particulièrement bas, il y a beaucoup à dire…

Peut-il en effet être reproché aux Tchèques, aux Polonais et aux Hongrois, aux Grecs, aux Irlandais et aux Portugais – ces paresseux notoires – et à tous les autres qui étaient dans le même cas, d’avoir voulu pénétrer dans la vitrine que représentait l’autre partie de l’Europe, nantie selon la vision éloignée et prometteuse qu’ils en avaient ? Est-il possible d’oublier si vite la misère et la grisaille qui régnaient dans ces sociétés et le profond désir d’être tout simplement comme les autres ? Ces deux moteurs de l’élargissement de l’Europe – alors acclamé – peuvent-ils être oubliés ?

Si la crise actuelle remet en question ce qui était hier salué comme une avancée victorieuse, une réflexion ne devrait-elle pas s’engager sur les moyens qui ont été déployés pour réussir cette mise à niveau, qui se révèle désormais hors de portée ? La débandade irlandaise est-elle à mettre au débit de ceux qui ont emprunté à leurs banques locales pour s’acheter une maison ou à celui des banques européennes qui ont prêté à tout-va à ces mêmes établissements et s’en sortent comme une fleur ?

Qu’elle est la valeur d’une croissance qui repose sur la construction, aussi vite que poussent les champignons, d’un parc de logements destinés à l’achat à crédit et sur l’amoncellement d’une montagne de dettes nécessaire à son financement, au principal bénéfice de ceux qui l’opèrent ?

Quel est le moteur de cette construction – pour le coup idéologique, une fois écarté le lucre – qui veut que la propriété soit le stade suprême de la félicité et le garant de la sécurité ? L’équivalent moderne de ce qu’a représenté West Berlin en son temps, fiché au cœur de la lugubre Deutsche Demokratische Republik comme la vitrine resplendissante d’un luxe inaccessible et tentant, d’un plan Marshall dont l’une des intentions affichées était de contenir les rouges.

Ou faut-il aussi voir derrière tout cela, non pas uniquement la réalisation d’une stratégie, mais également l’expression d’une logique, qui semble être arrivée au bout de son chemin ? Si bien illustrée par le développement des placements de rentier comme l’assurance-vie, qu’elle pourrait en finir par décevoir l’espérance d’une petite sécurité, à la faveur d’une crise de la dette publique laissée sans solution ?

En étendant son terrain de jeu tout en devenant par la même de plus en plus indispensable, le capitalisme financier assure au passage sa propre protection, puisque sa chute entraînerait celle de ses pauvres. Mais est-ce le stade ultime de son développement que – pour se redonner de l’oxygène, après avoir été sauvé par celui-ci – de soustraire des mains de l’Etat la garantie financière que ce dernier offre, en le prenant à la gorge pour être remboursé ?

Cette assurance était destinée aux petits rentiers (une appellation fausse, car ils vivent rarement de leurs rentes) mais aussi à lui-même : il y a là comme une contradiction ! Car il en sortirait démuni, à la recherche d’un point d’appui financier dans un monde dont il n’a eu de cesse d’accroître et de vanter une liquidité dont les plus conscients s’inquiètent pour avoir tenté d’en mesurer les insondables risques ? Les évacuer avec des instruments financiers sophistiqués ne lui ayant pas réussi.

Enfin, que va cette fois-ci apporter le vent de la liberté qui souffle du Maroc aux Emirats, une fois celle-ci conquise ou au moins élargie ? Quel type de développement économique va être engagé, quelle croissance recherchée, quelle nouvelle société bâtie ? Une même histoire déjà connue à l’Est serait-elle condamnée à reproduire, dans un contexte tout différent, les mêmes effets ? Donnant à nouveau du champ à un système en péril ?

C’est aussi bien du côté de la Puerta del Sol que de la place Wenceslas, à Prague, que l’on pouvait hier tendre l’oreille. C’était avant-hier vers l’avenue Habib Bourguiba de Tunis et la place Tarhir, au Caire. A croire que les lieux historiques ne démentent jamais leur réputation, celle d’être accueillants quand il faut faire écho aux clameurs trop contenues.

34 réponses sur “L'actualité de la crise : DÉSIRS DE RUPTURE, par François Leclerc”

  1. Il est bon parfois que la réflexion , pour devenir plus profonde aille un peu plus loin dans le passé: s’agissant de la Tchécoslovaquie et de la Pologne il est sans doute utile de « rappeler » que ces deux pays avaient accepté le plan Marshall avant que l’URSS les en empêche … Quel eût été le devenir de ces pays s’ils avaient eu  » le malheur » d’accepter le plan Marshall ? Souvenons-nous par ailleurs que la Tchécoslovaquie , avant 1939, était un pays industrialisé du niveau de la France dans sa partie tchèque , c’était un pays démocratique avec un parti communiste fort ! Quant à la Pologne au parcours plus complexe, ce pays a été dévasté à tous points de vue par la nazisme et le stalinisme et l’URSS lui a imposé comme à la Tchécoslovaquie un mode de gestion et des priorités plus que contestables … Ce sont Des détails qu’il faut prendre en compte pour réfléchir de manière mois sommaire ne serait-ce que sur l’Europe actuelle…

      1. Je pense que vous avez tendance à abraser l’histoire de pays appartenant à des parties de l’Europe ayant eu un destin fort différent avant et après la seconde guerre mondiale . Quand vous mentionnez dans le même élan six pays qui voulaient intégrer l’Europe « nantie » dans un même désir « compréhensible » de rattrapage, vous ne tenez pas compte du fait que pour au moins l’un de ces pays ( la Tchécoslovaquie) il s’agissait non de rattraper mais de revenir à un état antérieur ! Je me souviens de cette conversation avec des membres d’une troupe de théâtre slovaque en 1969 à Nancy et de leur tristesse après l’occupation par l’URSS : ils m’avaient parlé entre autres du choc qu’ils éprouvaient lorsqu’ils voyaient dans leurs musées les signes d’un passé économique plus glorieux . J’ai lu ensuite des études qui m’ont appris ce que si peu de personnes savent ici c’est que la Tchécoslovaquie avant la guerre n’était pas un pays « sous- développé » ni sur le plan politique ni sur le plan économique … Ils étaient loin devant le Portugal et l’Espagne et ils ont pâti de la domination de l ‘URSS sur tous les plans ( le Biafra de l’esprit dont parle Aragon après 1968 )!!! J’ai appris plus tard dans un article du Monde qu’en 1953 ou 1951 un pays aussi dévasté que la Pologne produisait autant … que l’Italie de l’époque ! Des Polonais m’ont dit un jour : « Ca vaut le coup de perdre la guerre ». Ils évoquaient l’état de l’Allemagne ( Ouest avant tout ) » vaincue « en comparaison du leur : ils faisaient partie des » vainqueurs » en principe !
        Tout cela pour dire que l’état de « retard » d’une bonne partie de l’Europe centrale est du à l’ imposition du modèle soviétique qui a été par ailleurs incapable de se réformer : et nous revoyons la problématique du printemps Prague fauché par la » réaction  » brejnévienne resurgir!
        Il y aurait moins à » rattraper » si les oligarchies communistes ou prétendues telles avaient été capables de réformes . L’histoire politique et économique si peu connue de l’Europe centrale montre que les réformateurs hors parti ou venant du parti communiste ont toujours été éliminés et qu’un modèle différent de l’ouest ne pouvait être développé , non à cause de l’impérialisme US uniquement mais bien parce que comme l’a dit Castoriadis l’URSS n’ était ni une union , il ne s’agissait pas de républiques, elles n’étaient ni socialistes ni soviétiques… Boukharine , si bien refoulé et occulté , l’avait déjà deviné , un peu tard il est vrai…
        La situation de l’Europe centrale n’est donc pas, à mon avis, à mettre sur le même plan que celles( que je connais mal) des pays comme le Portugal, l’Espagne ou la Grèce !

        1. En tant que bon connaisseur de la République tchèque et de la République slovaque, je ne peux qu’acquiescer : le pays, lorsqu’il ne faisait qu’un, a connu pendant un certain temps un développement très similaire à celui des autres pays d’Europe de l’Ouest, avant de subir une régression importante sous le joug de l’URSS. Ceci étant dit, le constat de François porte sur l’état dans lequel ils étaient lorsqu’ils sont rentrés dans l’UE, et force est de constater que la comparaison avec l’Espagne ou le Portugal est correcte.

      2. J’étais à Prague par hasard, lors de l’intervention des troupes soviétiques, où dix ans plus tard j’y ai tourné sans autorisation un film avec Karel Bartosek, Julius Tomin, Marta Kubisova et d’autres formidables dissidents. Je n’aurai jamais l’idée de comparer ce que j’y ai connu avec le Portugal, où je me suis rendu dans les jours qui ont suivi le 25 avril et avec lequel j’ai fait plus ample connaissance depuis. Mon énumération était j’en conviens rapide.

        Je voulais parler des illusions que j’y ai rencontré, de la manière de voir l’Ouest dans des pays où il était élevé au rang de mythe par la force des choses. Du besoin effréné de modernité qui s’est emparé de la société portugaise, marquée par une longue dictature et une grande pauvreté.

        Je vous l’accorde, cela ne pouvait pas se résumer en une phrase.

      3. Ma première réaction me parait à la relecture effectivement un peu rapide aussi! Elle s’explique évidemment par mon propre itinéraire qui recoupe partiellement le vôtre . J’étais en Pologne le 21 août 1968 , dans un milieu d’apparatchiks « stalinoides » que l’intervention en Tchécoslovaquie libérait . Moi-même j’avais vibré au printemps de Prague, j’attendais un renouveau qui aurait été un espoir pas seulement pour la Tchécoslovaquie ! Le retour en France et la reprise de contact avec les staliniens français a été un accablement qui m’a fait fuir pour toujours !

      4. Je pense que l’on doit se demander dans quelle mesure « ce qui a suivi en Russie » a été engendré par » ce qui précédait » ! La domination, pendant des décennies, du parti unique représentant les intérêts d’oligarchies bien en place et la liquidation dès 1921 ( avant le « stalinisme  » proprement dit ) de toute opposition , de « droite » ou « de gauche » , a laissé la société russe sans alternatives structurées et puissantes … Pour la « nomenklatura » affranchie la vie est belle! Evidemment cela demanderait des développements et des analyses plus poussées .
        C’est ainsi, en résumé , que je perçois l’évolution russe .

    1. L’URSS fut certes incapable de se réformer. Bien plus que cela, elle fut capable de s’autodissoudre. Phénomène politique exceptionnel et sans aucun pendant à l’ouest. Sinon, pour adopter une perspective historique plus large, la Tchécoslovaquie (ou la Pologne) sont loin d’être les seules entités à avoir voulu retrouver l’état initial de leur développement qui était le leur avant de passer dans l’orbite soviétique. La Russie la première a cherché à renouer les fils de son histoire coupés en 1917, à renouer avec cette période de son âge d’or culturel et économique qui va des années 1890 à 1917: avec l’avènement du bolchévisme elle a alors manqué un coche civilisationnel majeur. En 1914 le taux d’alphabétisation dans l’armée impériale est supérieur à celui de l’armée française (malgré les hussards noirs de la République) et le nouveau système judiciaire de la monarchie a 20 ans d’avance sur tous les autres en Europe. Pour comprendre l’ampleur du recul: il faut attendre 1939 pour que le salaire moyen de l’ouvrier soviétique retrouve péniblement le niveau de celui de l’ouvrier russe de 1914.

      La réforme est par nature difficile dans des entités collectives aussi lourdes et complexes que les civilisations d’Europe, pour lesquelles le poids de l’histoire est si considérable, si pesamment structurant, où les sociétés dites civiles ont malgré tout appris depuis longtemps à s’organiser en dehors de pouvoirs d’Etat souvent changeants. Les changements dés lors sont d’abord une affaire d’homme. Il n’y a pas d’équivalent de Stolypine et de Gorbatchev aujourd’hui à l’ouest de l’Europe.

    2. J’ai été un peu rapide aussi . Cela s’explique par des traumatismes déjà préhistoriques! La Tchécoslovaquie a été pour moi un espoir , j’attendais un renouveau , des réformes d’un système sur lequel je m’illusionnais encore tout en en connaissant ( de visu et par mes lectures et fréquentations ) les « tares » . J’ai approfondi un peu le cas tchécoslovaque et j’ai été accablé par l’ignorance qui régnait ici sur la complexité de l’Europe centrale « communiste » mais aussi sur l’histoire de ces pays et en particulier la Tchécoslovaquie . Je ne parlerai pas des réactions des staliniens français que je fréquentais et que j’ai fui sans retour! Le 21 aout 1968 j’étais en Pologne dans un milieu d’apparatchiks ( une partie de ma famille et des « camarades » ) libérés par l’intervention ! Tout cela fait que je reste très sensibilisé aux imprécisions concernant cette région et son histoire( sous le communisme et avant , puis après) . Il est vrai aussi, vous avez raison ,qu’on ne peut tout dire en une phrase ou quelques lignes.
      Quant au désir d’Ouest , de sa modernité et aussi des illusions qui se sont cristallisées en mythes , j’ai vu cela en Pologne : mais l’occident était présenté comme un objectif à rattraper par le pouvoir lui-même et les magasins en devises avec marchandises occidentales banales ressemblaient à des cavernes d’Ali Baba sur fond de grisaille et de pauvreté ! La « parenthèse » stalinienne a hélas fait beaucoup de dégâts sur tous les plans . Le sujet est vaste . Pour « le reste » je lis avec grand intérêt vos analyses qui dépassent mes compétences , mais je fais des efforts !

      1. Le stalinisme a fait tellement de dégâts… Peut-être la pire des histoires est celle de non seulement ce qu’il a commis en URSS mais de ce qui a suivi en Russie.

  2. Un précurseur infréquentable…
    Jimmy Goldsmith était vivement opposé aux accords du GATT. L’idée de mettre en concurrence les français avec les vietnamiens par exemple, quand la rémunération d’un seul ouvrier français permettait de rémunérer 47 ouvriers au Vietnam, lui apparaissait comme une insanité n’ayant pu germer que dans l’esprit d’idéologues fanatiques du libre échange.
    La concurrence ne pouvait avoir de sens à ses yeux qu’entre pays ayant déjà atteint des niveaux de développement comparables.
    Aussi en 1993 il publia « Le Piège » (sous titré : « pour un protectionnisme européen. À contre courant de la pensée économique dominante ».)
    Il y annonçait que , puisqu’on leur en offrait la possibilité sur un plateau, les grandes firmes multinationales allaient mettre à profit les énormes disparités de salaires existant entre les différentes régions du monde , et que ces firmes seraient les seules grandes « gagnantes » de tels accords.
    Les peuples eux, en seraient les victimes.
    Mais Jimmy Goldsmith prophétisait que les chocs sur les sociétés seraient tels , les désastres sociaux si massifs, que ces gagnants ne pourraient ressembler qu’aux « gagnants d’une partie de poker sur le Titanic »…
    Comme chacun sait, les idées exprimées dans Le Piège furent discréditées et vivement rejetées par la majorité des économistes et commentateurs anglo-saxons ainsi par les technocrates de la Commission européenne.
    En 1995 Jimmy Goldsmith publiait « La Réponse » (« à la Commission européenne et aux libre-échangistes premiers responsables du chômage, du déclin de la Nation et de l’Europe ») . Il répondait point par point dans cet ouvrage aux critiques qui lui avait été adressées, et en démontrait le caractère souvent fallacieux. …
    Mais ce n’est pas bien sûr ce deuxième livre qui allait pouvoir empêcher « le monstre de l’idéologie capitaliste, qui domine les coeurs et les esprits » ( Chico Whitaker; Courrier International n°1003 du 21 au 27 janvier 2010) de s’emparer du monde…
    Jimmy Goldsmith est mort le 18 juillet 1997. Le journal L’humanité publiait pour l’occasion un article intitulé « mort d’un requin de la finance ». Il y était rappelé que l’homme d’affaire franco-britannique était ouvertement anti Maastricht… « Non que Sir James combat l’ultralibéralisme. Mais parce qu’il estime que le traité ne le débride pas encore suffisamment. » pécisait l’auteur de l’article.
    Jimmy Goldsmith était effectivement un requin de la finance. Ce qui l’avait rendu trop infréquentable aux yeux de l’auteur de cet article pour qu’il juge utile de lire ses livres….

    1. Merci beaucoup pour cette mise au point ! J’ai été injuste envers cet homme … ! très, très intéressant !

    2. Cette proposition d’un protectionnisme européen a été reprise récemment, et pour les mêmes raisons que celles que vous rappelez via Jimmy Goldsmith (que je ne connais pas), par Emmanuel Todd dans « Après la démocratie » (2008).

      On peut ne pas être d’accord avec le remède (protectionnisme européen) mais on ne peut qu’adhérer au diagnostic posé (paupérisation et « antidémocratisme » rampants dus notamment à un libre échangisme débridé).

    1. Vous voulez rire , AH je me suis trompé , c’est ma faute tant pis et on en reste là ?
      NON QUE NENI
      Ceux qui savent , savaient et délibérément ont initié une spéculation immobilière , déréglementé la durée des crédits hypothécaires , déréglementé la finance , permis le transvasement des dépôts bancaires dans les actes spéculatifs.
      Tout ceci est criminel et doit être sanctionné à sa juste valeur , par un retour sur le passé d’enrichissement de ceux qui en ont été les instigateurs et bénéficiaires : banques , états , directeurs de BCE ,maires , élus , spéculateurs , promoteurs , propriétaires etc…
      Une grande lessive avec un retour sur le passé et non une patate aux suivants.

  3. Ça, c’est la vision optimiste.

    Autre possibilité, plus habituelle au fond, une nouvelle application de la stratégie du choc.

    Si les iraniens, qui viennent d’arrêter 30 prétendus agents américains, sont bel et bien en train de construire une base de missiles au Vénézuéla, alors nous ne sommes potentiellement pas loin d’une bonne guerre, tellement profitable pour les économies, à défaut de l’être pour les peuples.

    Les USA sont déjà en train de renforcer leur flotte dans le détroit d’Ormuz, ça c’est officiel (faut dire qu’un porte-avion n’est pas très discret).

    Dans un tel contexte, un faux conflit USA/Israël pourrait servir de déclencheur, même si l’Iran, en pays religieux, pratique la doctrine de ne jamais être le premier à frapper.

    Et on ne change pas de président au milieu d’une guerre, il y aura d’ailleurs des élections présidentielles en 2012 en France (on avait remarqué), aux USA, en Russie, au Mexique, au Vénézuéla (tiens, tiens…), en Inde, au Zimbabwe, au Timor-Oriental (petit pays mais du pétrole) et en Sierra Leone.

    Que feront les russes et les chinois, c’est la question à mille euros. Les derniers ne sont matériellement pas une si grande menace que cela, les premiers en revanche, ont encore tout plein d’ogives.

    Bref, rupture il y aura, mais par forcément celle qu’on croit.

    1. Que ferons les russes et les chinois ?

      Outre qu’ils compterons les points en attendant que le vent tourne.
      Ils fourniront les pièces de rechange et le pétrole.

      Alors comme çà, il y a une base secrète de missiles iraniens au Venezuela,
      J’espère que James Bond est au courant.

  4. On pourra toujours relire les derniers entretiens de feu Cioran. Son pronostic sur l’Europe était pessimiste (comme le personnage d’ailleurs). En résumé, l’Europe en tant que bloc de civilisation a vécu sa vie. Trop riche, trop chargée d’histoire et d’histoires, trop vieille. Elle a perdu son élan vital et son messianianisme laïc qui ne fait plus illusion que dans les « narratives » des faiseurs d’opinion et fabricants de légendes collectives. Ployant sous la charge d’un tel héritage elle a perdu le sens même de ce qu’est la liberté: càd précisément ce qui a été très longtemps son moteur. Il n’est pas possible de construire du nouveau si on ne renonce pas réellement à une partie du vieux monde. C’est l’élan contraire que l’on voit partout en Europe, en voie de « muséification » accélérée.

  5. De bonnes questions qui deviennent de plus en pressantes, pour être répétées ou suggérées d’un article l’autre…
    A noter que l’article, comme bon nombre d’entre nous, se tourne vers les mouvements collectifs de résistance. C’est déjà un changement majeur et peut-être perenne en cette d’hyper-individualisme. L’hégémonie culturelle battue en brèche, peut-elle laisser place à une nouvelle conscience d’une nouvelle lutte des classes ?…

  6. Pour mieux se représenter la situation de l’économie mondiale, définissons une nouvelle unité le TEO
    Poids Tour Eiffel 10.000 tonnes
    1 kilo d’or au cours actuel 48.225$
    Une Tour Eiffel Or ~ 482 milliards $

    Soit dette publique en équivalent Tour Eiffel Or (TEO)

    USA 29 TEO (14 Trillions de $)
    Japon 22 TEO
    Allemagne 6 TEO
    Italie 5 TEO
    France 4,5 TEO
    Royaume Uni 4 TEO
    Chine 2 TEO
    Espagne 2 TEO
    Brésil 2 TEO
    Inde 1,5 TEO
    Grèce 1 TEO
    Belgique 1 TEO
    Portugal 0,5 TEO
    Irlande 0,5 TEO
    Russie 0,25 TEO
    Islande 0,02 TEO

    L’on estime tout l’or extrait par l’homme depuis la préhistoire à 160.000 tonnes
    soit 16 TEO

    La dette US représente à elle seule 1,8 fois tout l’or disponible.

    S’il fallait rembourser toutes les dettes en or il n’y aurait pas assez d’or…
    Ou alors il faut violemment dévaluer toutes les principales monnaies, à
    commencer par le $ US et générer une hyperinflation ravageuse!!!

    1. Oui, et alors?
      Voulez-vous ajouter l’argent métal (silver)?
      Et pourquoi convertir une dette en son poids métalique?
      Quelle physique votre économie suit-elle?

  7. Je me suis promené en touriste place de la Candelaria à Santa Cruz de Tenerife où campent sagement une petite centaine de jeunes et moins jeunes, proprement, calmement. Le Macdonald de la place n’a pas installé de tables et de chaises, pensant que la proximité de cette faune insolite ferait fuir d’éventuels clients. C’était un dimanche calme sans bateaux de croisière déversant leurs milliers de touristes à la peau blanche venus du nord de l’Europe, c’était un dimanche ordinaire, mais il y avait ces jeunes et moins jeunes, silencieux, disciplinés (les boissons alcoolisées sont interdites) et respectueux qui écrivaient sur des cartons leurs impressions. Celle qui m’a le plus frappé est « nous ne sommes pas une marchandise ni pour les banques ni pour les politiciens ».
    Je n’ai pas osé faire de photographies (@ François Leclerc, mes photos sont pourtant souvent inattendues) pour simplement respecter ce rassemblement exemplaire.
    Je ne doute pas un instant que ce mouvement va se propager vers d’autres pays européens dont la France. En France, il est impensable qu’un tel mouvement contestataire calme et, j’ose dire pacifiste, puisse avoir lieu. La violence, immanquablement, apparaitra (voir les émeutes lyonnaise de l’automne dernier) et ce sera vite un nouveau mai 68…
    Les évènements espagnols sont très alarmants et s’il y a propagation dans d’autres pays européens, ce sera le chaos !
    Je pense à l’Italie et au Royaume Uni …
    Maintenant, il y a un très faible espoir de retour au calme, il n’y a pas de subversion visible en Espagne, le PSOE a essuyé une défait électorale attendue dans des provinces qui ne constituent pas vraiment la force vive de la nation, la vraie échéance sera en 2012 comme en France. La contestation n’est pas structurée politiquement, il n’y a pas de Cohn-Bendit espagnol pour le moment !
    De même que dans les pays arabes il n’y a pas de réelles structures politiques crédibles autres que les islamistes …
    L’avenir est bien incertain et sombre.

    1. Ce qui arrive en Espagne est tout à fait normal. Ces retours de balancier se poursuivront
      d’élection en élection, et ceci tant que les marchés imposeront leur loi aux politiques, élus par un peuple de moins en moins naïf et de plus en plus tenté par l’abstention et le vote blanc ou nul.
      Politiques qui d’ailleurs en cette affaire sont consentants, contrairement à l’infortunée « soubrette » devenue célèbre à son corps défendant.
      De désenchantement, en désenchantement ,la marmite bouera de plus en plus. Et le couvercle de la communication officielle aura de plus en plus de mal à être maintenu en place, même par des médias serviles.
      Au final les plus écoeurés se jetterons dans les bras des partis extrêmes et plus particulièrement de l’extrême droite et/ou la rue explosera.
      Tout cela n’est que trop prévisible depuis longtemps, mais l’autisme des gouvernants est sidérant et atterrant.
      A croire qu’ils veulent l’épreuve de force, avec l’espoir de mater le rébellion, et de consolider leur domination sur la populace…
      Les classes dominantes ont déjà dans l’Allemagne de Weimar, ravagée par l’hyperinflation, cru s’en sortir en utilisant un certain Adolf Hitler, chef du parti Nazi né de la crise, mais on sait ce qu’il advint par la suite…
      Serait-ce que l’amnésie de nos princes soit si grande ? Ont-ils oublié que de telles situations peuvent amener le retour de la barbarie, dont la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 avait pour but d’éviter le retour ?
      Sans doute ont-ils « oublié », car depuis plus de 3 décennies ces droits sont bafoués, en particulier, ceux concernant les aspects sociaux.

    2. Lo qué ocurre en España es bastante normal. Estas oscilaciones del pendulo electoral seguiran, tal y como el mercado sigue imponiendo su ley sobre unos políticos, elegidos por pueblos cada vez menos ingenuos y cada vez más tentados por la abstención y el voto en blanco o no válido.
      Politicos que en este asunto están dispuestos, a diferencia de la desdichada criada que se hizo famosa aunque sin quererlo.
      La desilusión, el desencanto hara que la olla hervira cada vez más. Y la tapa de la comunicación oficial, será cada vez más difícil de mantenerla en su lugar, incluso con la ayuda de medios de comunicación serviles.
      Al final, los mas disgustados se ajorraran a los brazos de los partidos extremistas, sobre todo la extrema derecha y / o la calle va a explotar.
      Todo esto era demasiado predecible y desde hace mucho tiempo, pero el autismo de los gobernantes es asombroso y aterrador.
      Uno podria pensar que quieren el enfrentamiento, con la esperanza de sofocar la rebelión, y de consolidar su dominación sobre la población …
      Las clases dominantes ya en el tiempo de la Alemania de Weimar, devastada por la hiperinflación, apostaron por un hombre llamado Adolf Hitler, jefe del partido Nazi nacido de la crisis, pero sabemos lo que pasó después …
      ¿Podría ser que la amnesia de nuestros gobernantes es tan grande? ¿Han olvidado que estas situaciones pueden provocar el retorno de la barbarie, de la cual la Declaración Universal de los Derechos Humanos de 1948 tenía por objeto de evitar que se repita?
      Sin duda, han « olvidado », porque durante más de tres décadas, estos derechos han sido violados, especialmente los relativos a los aspectos sociales.

    3. L’avenir est bien incertain et sombre.

      L’avenir est le futur du passé, comme disait l’autre.
      On voudrait pouvoir récolter des pastèques en semant des cailloux.

      Maintenant, il y a un très faible espoir de retour au calme, il n’y a pas de subversion visible en Espagne,

      Ça me ferait rire si je n’avais les lèvres gercées. Retour au calme ? Subversion ? Franco, sors de ce corps !
      Bonne promenade touristique !

  8. « Ou faut-il aussi voir derrière tout cela, non pas uniquement la réalisation d’une stratégie, mais également l’expression d’une logique, qui semble être arrivée au bout de son chemin ? Si bien illustrée par le développement des placements de rentier comme l’assurance-vie, qu’elle pourrait en finir par décevoir l’espérance d’une petite sécurité, à la faveur d’une crise de la dette publique laissée sans solution ? »

    Evidemment, quand on lit François, on repense aux trois conditions de l’écriture :
    d’abord le style, ensuite le style et le style pour finir.

  9. bah , les délocalisations européennes au maghreb ont joué un role de catalyseur.

    un pays c’est comme une voiture , mettre un moteur plus puissant (economie) sans changer de boite de vitesses (le social ) entraine forcement des problemes de transmissions !

    l’europe a un probleme inverse un moteur diesel de tracteur et une boite de vitesse de formule 1 …

  10. Une réponse iconoclaste:

    Si le capitalisme et la démocratie* n’étaient tout simplement que l’avers et le revers d’une même médaille?
    L’agonie de l’un ne sonnerait-il pas le glas pour la mort de l’autre?

    *: je ne conçois le concept de démocratie qu’inclus dans une culture essentiellement indo-européenne au sens historique et anthropologique du terme.

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